133ème fête internationale du travail à Yaoundé:Les syndicats revendiquent un SMIG à 60.000 Francs C
- Admin
- 2 mai 2019
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C’était lors de la séquence des allocutions qui a, comme chaque 1er Mai, précédé le traditionnel défilé présidé au Boulevard du 20 Mai par Grégoire OWONA, ministre du travail et de la sécurité sociale
C’est un immuable rituel que même la pluie torrentielle tombée hier à Yaoundé n’a pas pu doucher. Chaque 1er Mai, le ministre du travail et de la sécurité sociale (MINTSS), puis les plénipotentiaires des organisations syndicales se succèdent à un pupitre amovible installé devant une des deux tribunes d’honneur du Boulevard du 20 Mai, pour égrener les avancées, les revendications ainsi que les goulots d’étranglement relatifs aux conditions du travailleur au Cameroun.
Côté syndicats cette année, les mandataires étaient Pierre Essindi Minkoulou et André Seme Seme, respectivement président de la confédération des travailleurs unis du Cameroun (CTUC) et président confédéral de l’union des syndicats libres du Cameroun (USLC).
Le dernier, dans un discours de dix pages, a passé en revue toutes les questions liées à la protection du travailleur, à la justice sociale et au travail décent, triptyque qui constitue l’ossature du thème de cette 133ème édition la fête internationale du travail à savoir : « Protection du travailleur, vecteur de justice sociale et de travail décent au Cameroun ».
Tout en reconnaissant les nombreux efforts du gouvernement pour adresser ces trois problématiques, André Seme Seme a mis en exergue une floraison de préoccupations.
D’abord sur la protection du travailleur.
Il a fait observer entre autres que :
La liberté d’adhésion au syndicat de son choix est mise à mal par certaines entreprisesdu secteur public et parapublic, qui sont réfractaires à toutes velléités de syndicalisme en leur sein ;
Les licenciements abusifs des délégués du personnel se font quotidiennement sous le regard complice et indifférent de l’Etat ;
Les conditions d’hygiène, de santé et sécurité au travail se dégradent chaque jour d’avantage ;
Les entreprises du secteur de la Santé, de l’éducation et du gardiennage par exemple, rechignent à avoir des conventions collectives et refusent de les appliquer quand par extraordinaire elles existent.
Ensuite, sur la justice sociale, il a soulevé deux interrogations :
Est-elle possible de parler de justice sociale au Cameroun quand trouver un emploi à la CRTV, la SNI, CAMTEL, la SNH, la CSPH, la SONARA et à la CNPS entre autres, relève de la prestidigitation ?
Est-il possible de parler de justice sociale quand notamment dans l’enseignementprivé on traite les travailleurs comme des esclaves, en pratiquant des salaires qui ne respectent aucun barème de classification catégorielle règlementaire ?
Enfin, sur le travail décent, le président de l’USLC a professé qu’avec la systématisation des emplois sans contrat de travail, le Cameroun a encore un très long chemin à parcourir.
Les revendications
Après le chapitre des manquements et des pesanteurs, le président de l’union des syndicats libres du Cameroun a adressé, à l’attention de l’Etat, un chapelet de onze revendications dont les plus saillantes sont :
La revalorisation du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) de 36.200 à 60.000 Francs Cfa ;
La révision du code du travail attendue depuis 27 ans ;
La ratification de la convention 102 de l’OIT sur la sécurité sociale et sa convention 189 sur le travail domestique ;
La revalorisation des prestations sociales, en particulier les pensions retraite en tenant compte des textes fondateurs de la CNPS.
Ce sont des griefs et revendications similaires que Pierre Essindi Minkoulou, président de la confédération des travailleurs unis du Cameroun a mis en avant lors de sa brève allocution.
Réponses du MINTSS
Le ministre du travail et de la sécurité sociale, qui a clôturé la phase des allocutions, a écouté les remarques, critiques et plaintes des syndicalistes et leur a répondu par cette tirade: « j’ai noté en particulier des allégations fortes comme « recrutement relevant de la prestidigitation », « traitement comme des esclaves », « manque de bulletin de paie » ! Mais puis-je me permettre de vous rappeler qu’il existe des instances pour régler tous ces problèmes lorsqu’ils existent, et conformément à la loi. L’inspecteur du travail aujourd’hui est outillé pour faire face, pour réagir, pour bien défendre le travailleur, pour faire reculer les employeurs véreux. Oui parce qu’il en existe encore : aidez-nous donc à les démasquer, à les traquer, ne vous contentez pas de déclarations publiques et théoriques. Mettez des noms derrière tout cela ».

Au sujet de la revalorisation du SMIG, Grégoire Owona a assuré que le gouvernement s’y attèle et que cette mesure sera mise en œuvre avec plus de diligence si des rentrées fiscales substantielles, déterminantes pour son financement, sont au rendez-vous. « D’après les dernières évaluations de nos partenaires internationaux, la pression fiscale reste modérée au Cameroun ; nous devons payer nos impôts », a-t-il plaidé.
Le patron du MINTSS en a aussi profité pour mettre en vitrine quelques faits d’armes de son département ministériel en 2018. « En ce qui concerne la sécurité sociale, nous avons enregistré 45.000 nouveaux assurés obligataires, l’inscription de 7000 nouveaux assurés volontaires au nombre desquels figurent les employés de maison. Nous avons participé sous la conduite du ministère de la santé publique à toutes les réflexions sur la couverture santé universelle donc l’architecture générale a pu être définie, ainsi que le panier et les protocoles des soins », a-t-il indiqué.
Il a par ailleurs évoqué la redynamisation de l’inspection du travail en faisant valoir qu’en 2018, « le ministère a pu mener plus de 2500 visites d’inspection ayant donné lieu à des lettres d’observation, des mises en demeure et des procès-verbaux d’infractions. Par ailleurs, nous avons aussi enregistré 6000 procès-verbaux de conciliation ».
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